Techniques sans éléments structurants rigides

 

À télécharger : Les Solutions Naturelles sans Éléments Structurants Rigides – Guide technique complet (PDF)

 

Le génie végétal appliqué à la stabilisation des berges fluviales repose sur un large éventail de techniques, chacune adaptée à des contextes hydrologiques, écologiques et économiques spécifiques. Selon les objectifs de restauration ou de protection recherchés, les solutions peuvent aller de simples plantations d’arbustes à des ouvrages plus complexes intégrant des structures en bois ou en pierre, comme les caissons végétalisés.

Parmi ces approches, certaines techniques se distinguent par leur caractère exclusivement végétal : elles ne font appel à aucun élément structurant rigide tel que les rondins ou l’enrochement. Ces solutions dites « sans éléments structurants rigides » reposent uniquement sur l’utilisation de végétaux vivants, mettant en avant l’utilisation de végétaux vivants pour protéger et restaurer les milieux. On y retrouve, entre autres, les couches de branches à rejets, les lits de plants et plançons, ou encore les fascines d’hélophytes. Ces techniques offrent des alternatives souples, adaptables et respectueuses du fonctionnement naturel des milieux rivulaires.

 

Les techniques à base de plantes hélophytes

Les hélophytes, plantes herbacées adaptées aux milieux humides, sont utilisées dans différentes configurations : plantations simples directes, aménagements de banquettes (A) ou fascines végétalisées (B). Leur capacité à tolérer les fluctuations du niveau d’eau et à se multiplier par voie végétative en fait des alliées efficaces pour stabiliser les berges dans les secteurs à faibles contraintes hydrauliques.

Profils des techniques

Profils en vue transversale d’une banquette d’hélophytes avec géotextile résistant biodégradable, en berge de cours d’eau (A) et d’une fascine d’hélophytes en pied de berge de cours d’eau (B)

Profils en vue transversale (A) d’une banquette d’hélophytes avec un géotextile résistant biodégradable, en berge de cours d’eau, et (B) d’une fascine d’hélophytes en pied de berge de cours d’eau

Les techniques à base de plantes ligneuses

Les espèces ligneuses, arbustives ou arborées, occupent une place centrale dans les ouvrages de génie végétal grâce à leur capacité à stabiliser les berges en profondeur et à résister aux dynamiques fluviales plus marquées. Leurs systèmes racinaires puissants, capables de s’ancrer à plusieurs mètres de profondeur, assurent une cohésion efficace des sols, en particulier sur les terrains instables ou soumis à des contraintes mécaniques importantes (érosion de pied, glissements, etc.).

En surface, leurs parties aériennes — branches, troncs et feuillages — augmentent la rugosité des berges, ce qui ralentit l’écoulement de l’eau au contact du sol, favorise la sédimentation et diminue l’énergie du courant. Cette double action, souterraine et aérienne, confère aux ligneux un rôle essentiel dans la protection durable des berges et la restauration fonctionnelle des ripisylves.

Parmi les principales techniques sans éléments structurants rigides figurent :

  • Les plantations simples (C), directement en berge, parfois combinées à des fascines pour renforcer l’ancrage en pied de berge.

  • Les couches de branches à rejets (D), qui consistent à disposer des branches vivantes dans le sol, parallèlement à la berge, pour favoriser la reprise végétative et stabiliser la couche superficielle.

  • Les lits de plants et plançons (E), alignements de jeunes ligneux installés seuls ou avec géotextile, voire renforcés par des pieux pour accroître leur tenue dans les zones plus dynamiques.

  • Le tressage vivant (F), technique de vannerie végétale les branches sont entrelacées pour former une structure vivante de protection en pied ou sur talus de berge.

  • Les peignes et treillis de branches (G et H), ouvrages transversaux ou longitudinaux qui ralentissent le courant, piègent les sédiments et favorisent l’enracinement progressif de la végétation.

Ces techniques s’ajoutent à deux autres méthodes majeures :

 

Profils des techniques

Profils en vue transversale (C) d’une plantation de ligneux en berge de cours d’eau avec une fascine en pied de berge, (D) d’une couche de branches à rejets avec une fascine en en pied de berge, (E) de lits de plants et plançons avec géotextile, (G) d’un peigne et (H) d’un treillis de branche. Profil en vue de face d’un tressage vivant en pied de berge (F).

 

À noter : Pour un usage raisonné du génie végétal

Le génie végétal ne doit pas être systématisé. La protection des berges n’est pertinente que dans les cas des enjeux humains ou matériels significatifs sont avérés. L’érosion est un phénomène naturel, essentiel au bon fonctionnement écologique et géomorphologique des cours d’eau. Sur des sites sans enjeux majeurs, elle doit être acceptée comme partie intégrante de la dynamique fluviale.

 

 

Pour aller plus loin

Adam, P., N. Debiais, F. Gerber, B. Lachat. (2008). Le génie végétal, Un manuel technique au service de l’aménagement et de la restauration des milieux aquatiques. Ministère de l’écologie, du développement et de l’aménagement durables.

Bonin, L., A. Evette, P. A. Frossard, P. Prunier, D. Roman and N. Valé (2013). Génie végétal en rivière de montagne, Connaissances et retours d’expériences sur l’utilisation d’espèces et de techniques végétales : végétalisation de berges et ouvrage bois. Grenoble.

Didier, M., S. Menoli, A. Evette, P. A. Frossard, A. Vivier (2025). Les solutions naturelles sans éléments structurants rigides, guide technique en partenariat avec l’OFB.

Lachat, B. (1994). Guide de protection des berges de cours d’eau en techniques végétales (en collaboration avec P. Adam, P.-A. Frossard, R. Marcaud). Paris: Ministère de l’Environnement.