Le bouturage et les espèces

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Le bouturage en génie végétal – Guide technique complet

Le bouturage comme technique d’aménagement et de protection des berges

Le bouturage joue un rôle crucial dans le domaine du génie végétal et la restauration des berges de cours d’eau et milieux alluviaux. Cette méthode, ancrée dans des pratiques anciennes, occupe désormais une place majeure pour la stabilisation des berges, des talus, et des pentes faibles. La diversité des applications du bouturage englobe plusieurs techniques essentielles en génie végétal, telles que les lits de plants et de plançons, les fascines vivantes, les couches de branches à rejet. À proprement parler, le bouturage se distingue également comme une technique à part entière. En tant que pierre angulaire essentielle du génie végétal, le bouturage est souvent combiné avec d’autres méthodes pour améliorer la durabilité des ouvrages de stabilisation et optimiser la conservation des écosystèmes fluviaux et côtiers.

Cette méthode trouve une application principale dans la stabilisation des berges de rivières, de lacs, ainsi que sur les talus, pentes faibles, et les interstices des enrochements et des gabions. Le bouturage grâce à une production rapide de biomasse par voie végétative en contribue à initier les processus de restauration écologique, à la création d’habitats naturels pour la faune, renforce la connectivité des écosystèmes, et peut contrôler la prolifération des espèces exotiques envahissantes. La biomasse aérienne et le réseau racinaire résultant du bouturage agissent comme des mécanismes de protection des sols, réduisant l’érosion et stabilisant les berges et les pentes sur le long terme.

Bouturage réussi en berge de cours d’eau © Sébastien De Danieli

Bien que le bouturage soit initialement perçu comme une méthode simple et réputée pour sa polyvalence, cette technique nécessite un véritable savoir-faire afin d’assurer une reprise optimale de la végétation, condition sine qua non de la réussite des projets de génie végétal. Le choix, la qualité du matériel végétal, et la rigueur dans sa mise en place sont autant de facteurs déterminants pour atteindre cet objectif.

Les espèces

La sélection des espèces végétales dans le contexte du bouturage et du génie végétal revêt une importance capitale pour garantir le succès des projets de restauration écologique et de stabilisation des sols. Le choix des espèces doit être judicieux, et tenir compte de leurs adaptations naturelles aux conditions stationnelles existantes et de leur capacité à répondre aux objectifs de restauration.

Afin de s’inspirer au mieux des modèles naturels, on regardera avec attention les espèces naturellement présentes, en privilégiant celles qui sont structurantes et qui présentent les traits biotechniques recherchés.  Les Salicacées, principalement représentées par le genre Salix, sont fréquemment utilisées dans les projets de restauration écologique et de stabilisation des sols. Les saules sont particulièrement adaptés aux milieux alluviaux et aux environnements humides, étant appréciés pour leur capacité à se propager rapidement, à développer un système racinaire robuste, et à résister aux contraintes mécaniques ainsi qu’à la submersion. Leur croissance rapide et leur tolérance aux conditions adverses les rendent des candidats de choix pour le bouturage. Le genre Populus, qui comprend les peupliers, est également considéré pour le génie végétal, bien que dans une moindre mesure que les saules. Les peupliers, notamment le peuplier noir sauvage (Populus nigra), se bouturent bien et sont appréciés pour leur système racinaire dense et leur capacité à stabiliser les berges. Ils partagent de nombreuses caractéristiques bénéfiques avec les saules, mais leur taux de bouturage est très variable et leur utilisation peut varier en fonction des contextes locaux. Cependant, il est important de noter que les cultivars, bien qu’ils puissent être bouturés, sont déconseillés en raison de leur enracinement superficiel et traçant, ce qui n’est pas adapté à la protection des berges. Il est préférable de privilégier les essences naturelles et indigènes.

Saules développés en berges de cours d’eau © Sébastien De Danieli

La famille des Tamaricacées offre également des options intéressantes, en particulier dans des environnements où les contraintes de xéricité sont plus fortes. Dans de telles situations, il est crucial d’ajuster la sélection des espèces et d’opter pour celles présentant une adaptabilité accrue à des conditions de sécheresse, comme certaines espèces de la famille des Tamaricacées, par exemple Tamarix gallica ou Myricaria germanica.

Un ouvrage de génie végétal ne doit cependant pas se limiter à l’utilisation d’une seule espèce. Au-delà d’une simple considération esthétique, il est vivement recommandé de diversifier les espèces végétales utilisées favoriser la biodiversité et complémentarité des rôles et fonctions écologiques, contribuant ainsi à renforcer la résilience des écosystèmes.

Pour aller plus loin

Adam, P., N. Debiais, F. Gerber, B. Lachat. (2008). Le génie végétal, Un manuel technique au service de l’aménagement et de la restauration des milieux aquatiques. Ministère de l’écologie, du développement et de l’aménagement durables.

Bonin, L., A. Evette, P. A. Frossard, P. Prunier, D. Roman and N. Valé (2013). Génie végétal en rivière de montagne, Connaissances et retours d’expériences sur l’utilisation d’espèces et de techniques végétales : végétalisation de berges et ouvrage bois. Grenoble.

Didier, M., A. Evette, M. Pires, J. Rousset, P. Prunier, P. A. Frossard, L. Martin, A. Vivier (2024). Le bouturage pour le génie végétal en berges de cours d’eau, guide technique en partenariat avec l’OFB.

Lachat, B. (1994). Guide de protection des berges de cours d’eau en techniques végétales (en collaboration avec P. Adam, P.-A. Frossard, R. Marcaud). Paris: Ministère de l’Environnement.