Résistance aux invasions d’espèces animales

Les effets des aménagements de berges en génie végétal sur la faune exotique, voire invasive, ont pu être étudiés dans différents travaux, en particulier pour les macroinvertébrés benthiques et les poissons.

Concernant les macroinvertébrés et pour les espèces natives, le nombre d’espèces et l’abondance augmentent en allant des paysages urbains à des paysages agricoles et en allant des grands aux petits cours d’eau. L’abondance d’espèces natives seule augmente lorsque l’on passe d’une eau de qualité faible à une eau de bonne qualité. Par ailleurs, seul le nombre d’espèces natives augmente entre les aménagements en génie civil et en génie végétal.

Pour les espèces exotiques, le nombre d’espèces diminue en allant des grands aux petits cours d’eau et d’une bonne à une mauvaise qualité de l’eau. Pour l’abondance, aucun paramètre ne l’influence de façon significative.

Graphiques représentant les résultats des modèles d’équations structurales étudiant les relations entre les types d’aménagements, les variables environnementales et les diversités et abondances des espèces de macroinvertébrés natifs (A), exotiques (B)(d’après Janssen, P. et al., 2020). Les flèches représentent les relations entre les variables. Les flèches noires indiquent une influence positive, les flèches rouges des influences négatives et les flèches grises une absence de relation entre les variables. L’épaisseur des flèches est proportionnelle à l’influence des variables

Ces résultats montrent que les communautés de macroinvertébrés sont plus influencées par des facteurs régionaux que locaux. Bien qu’il ait été montré que le génie végétal améliore les habitats terrestres et aquatiques et qu’il est donc bénéfique aux macroinvertébrés, le contexte hydrologique, l’occupation du sol et dans une moindre mesure la qualité de l’eau, expliquent une large part des variations d’abondance et de diversité. Le long des cours d’eau, les caractéristiques du bassin versant et du paysage autour des sites paraissent être les principaux éléments explicatifs dans la composition des communautés de macroinvertébrés. Cet élément est à prendre en compte pour la bonne réussite des opérations de restauration.

Concernant les poissons, si l’on s’intéresse aux espèces natives et aux espèces exotiques voire invasives, les enrochements semblent proposer un habitat favorable aux espèces invasives comme les gobis. On trouve également des études où des mesures d’amélioration impliquant la présence de bois mort bénéficient aux espèces natives et des études qui relèvent un impact positif des berges plus naturelles sur les espèces cibles pour la conservation. Néanmoins, une autre étude ne montre pas d’impact évident des différents types d’aménagement sur les populations de poissons non-natifs.


 

Pour aller plus loin

Borcherding, J., Staas, S., Krüger, S., Ondrackova, M., Slapasky, L. & Jurajda, P. 2011. Short communication-Non-native Gobiid species in the lower River Rhine (Germany): recent range extensions and densities. J. Appl. Ichthyol. 27: 153‑155.

Janssen, P., Dommanget, F., Cavaillé, P., Evette, A., (Soumis). Does soil bioengineering benefits instream biodiversity? An empirical study of the relative influence of local and regional drivers on benthic macroinvertebrate assemblages Eco. Eng.

Pander, J., Mueller, M., Knott, J., Egg, L. & Geist, J. 2017. Is it worth the money? The functionality of engineered shallow stream banks as habitat for juvenile fishes in heavily modifided water bodies. 72: 63‑72.

Reid, D. & Church, M. 2015. Geomorphic and ecological consequences of riprap placement in river systems. J. Am. Water Ressources Assoc. 51: 1043‑1059.

Schmitt, K., Schäffer, M., Koop, J. & Symmank, L. 2018. River bank stabilisation by bioengineering : potentials for ecological diversity. J. Appl. Water Eng. Res. 1‑12.

Schmitt, K. & Symmank, L. 2017. The potential of alternative technical-biological bank protection measures on federal waterways – an applied research approach. River Sediment. 1210‑1217.