Les fascines de ligneux

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Les fascines de ligneux – Guide technique complet

 

Les techniques de génie végétal pour le contrôle de l’érosion en rivière font fréquemment appel aux techniques de fascinage. Ces techniques ancestrales sont généralement utilisées pour lutter contre l’érosion et stabiliser les berges. En renforçant la cohésion des sols, elles permettent de retenir les matériaux en place, qu’il s’agisse de stabiliser des berges érodées, des talus instables ou des zones à risque d’érosion élevé. Elles consistent souvent en la mise en place en pied de berge de fagots de branches de saules vivantes fixées à des pieux où elles protègent efficacement les rives des cours d’eau contre l’érosion due aux courants et aux vagues. C’est la technique de protection de pied de berge la plus utilisée dans les ouvrages de génie végétal en France, concernant près d’un quart des ouvrages de ce type.

Mais leur utilisation ne se limite pas à la protection contre l’érosion. Elles peuvent également être employées à des fins de diversification pour créer des habitats naturels pour les animaux aquatiques et les plantes, et/ou faire partie intégrante de projets de restauration écologique .

Selon l’objectif, les fascines se présentent sous différentes formes, allant des fascines mortes ou vivantes de petit ou de grand diamètre. La mise en œuvre de cette technique est très variée et dépend des objectifs visés: stabilisation de talus ou de berge, drainage de talus, restauration de milieu… Elle peut inclure une ou deux rangées de pieux, une installation in situ sous forme de fagot pré-confectionné ou branche par branche, une fixation avec du fil de fer ou de la corde coco, ainsi que la présence ou l’absence d’ancrage des branches dans la berge.

Fascines de pied de berge

La fascine la plus couramment rencontrée est la fascine en pied de berge. En suivant le pied des berges de la rivière et le sens du courant, elle fait l’interface entre l’eau et la berge. Cette méthode est utilisée dans des situations hydrauliques et morphologiques variées et a l’avantage de présenter une protection mécanique immédiate contre l’érosion. Le développement des racines assure par la suite la stabilisation et la protection du sol à long terme. Si l’on souhaite aussi protéger la partie supérieure de la berge, la fascine est alors accompagnée d’autres techniques comme le lit de plants et plançons, les couches de branches à rejet ou la plantation de boutures.

Fascine de pied de berge sur le Vorz à l’installation en 2007 © Belleudy et après 4 saisons de végétation en 2011 © André Evette

Bien que simples à première vue, cette technique demande un réel savoir-faire pour résister durablement et connaître une bonne reprise végétale. Le positionnement de celle-ci par rapport à la hauteur d’eau par exemple est un facteur essentiel à considérer,  la meilleure méthode consistant à observer le positionnement des les ligneux naturellement présents, intégrateurs des conditions stationnelles. Le contact entre les branches et la terre doit également être assuré avec soin afin de permettre la bonne reprise de la végétation.

Exemple d’aménagement d’une fascine de pied de berge associée à un matelas de branches

Il existe une variété de formes de fascines utilisées pour la protection des berges et la lutte contre l’érosion. Les fascines drainantes sont par exemple conçues pour favoriser l’écoulement de l’eau à travers les matériaux de la fascine, tandis que les matelas en fascines sont constitués de plusieurs couches de fascines superposées pour fournir une protection supplémentaire contre l’érosion par le courant. Les fascines de diversification sont souvent utilisées dans le cadre de projets de restauration de l’environnement pour créer des habitats naturels pour la faune et la flore locales.

Même si les fascines sont des ouvrages de génie végétal relativement peut coûteux et faciles à mettre en place, leur utilisation doit être strictement réservée pour la protection d’enjeux importants. Les phénomènes d’érosion sont naturels pour une rivière et garantissent le bon fonctionnement de celle-ci à travers la création d’habitats pionniers et la recharge du transport solide. Les interventions, y compris celles réalisées en génie végétal, ne doivent pas se généraliser à la moindre marque d’érosion. Il est préférable de laisser le cours d’eau divaguer lorsque cela est possible.

Pour aller plus loin

Adam, P., N. Debiais, F. Gerber, B. Lachat. (2008). Le génie végétal, Un manuel technique au service de l’aménagement et de la restauration des milieux aquatiques. Ministère de l’écologie, du développement et de l’aménagement durables.

Bonin, L., A. Evette, P. A. Frossard, P. Prunier, D. Roman and N. Valé (2013). Génie végétal en rivière de montagne, Connaissances et retours d’expériences sur l’utilisation d’espèces et de techniques végétales : végétalisation de berges et ouvrage bois. Grenoble.

Didier, M., A. Evette, E. Schmitt, S. Leblois, D. Jaymond, J-B. Evette, E. Mira, P. Raymond and P-A. Frossard (2023). Les fascines de ligneux en génie végétal, guide technique en partenariat avec l’OFB.

Didier, M., A. Evette, E. Schmitt, S. Leblois, D. Jaymond, J-B. Evette, E. Mira, P. Raymond, P-A. Frossard and A. Vivier (2023). Les fascines de ligneux. Sciences Eaux & Territoires. Soumis.

Jaymond, D., A. Evette, F. Bray, S. Leblois, D. Jung, A. Vivier, and C. Dorget. 2021. BD GeniVeg : une base de données française sur les ouvrages de protection de berges en génie végétal. Sciences Eaux & Territoires, (42), 35-39.

Lachat, B. (1994). Guide de protection des berges de cours d’eau en techniques végétales (en collaboration avec P. Adam, P.-A. Frossard, R. Marcaud). Paris: Ministère de l’Environnement.